mardi 7 juillet 2020

"Il est encore temps" de Jean-Philippe Blondel

Chronique du blog Les lectures de Lily


Tout est dans le titre. Il est encore temps de changer nos mauvaises habitudes, temps de sauver la planète. C'est le message que délivre ce livre écrit par Jean-Philippe Blondel.

Lou est en train de terminer son année de troisième, c'est en écoutant un discours de Greta Thunberg qu'elle va prendre conscience de l'état de la planète et des changements qu'il est nécessaire de mettre en place afin de sauver celle-ci.

Écrit avec beaucoup d'intelligence, ce récit tire la sonnette d'alarme et met le doigt sur un sujet d'actualité important.
Les personnages ne sont pas particulièrement attachants, mais on s'en fiche, l'intérêt de ce livre se trouve dans son contenu, dans ses mots. C'est ce que je retiendrai et c'est pour cette raison que je le conseillerai.
J'ai aimé l'histoire, la façon dont elle est écrite. Jean-Philippe Blondel a une plume très appréciable, concise, il maîtrise son sujet et son message est clair. Son livre parle de politique, d'environnement, mais n'est pas moralisateur, il est extrêmement juste. J'espère qu'il sensibilisera un plus grand nombre de lecteurs et qu'il changera quelques mentalités.

“J’imaginais bien qu’un jour je trouverais un mentor ou un modèle, un ou une artiste, quelqu’un qui exprime ses émotions et les fait partager à un public. Jamais je n’aurais cru que mon existence puisse être bouleversée par une espèce de gamine rouquine qui ressemble à toutes les petites soeurs chiantes du monde et qui s’exprime bizarrement parce qu’elle est autiste tendance Asperger. 
Je la regarde et je suis fascinée. La vidéo se termine avec un nouveau hashtag ClimateStrike. La grève pour le climat. Tout ce que je parviens à prononcer, c’est « Waow ».”

À acheter, à emprunter, à partager, ce livre est à lire par tous. Il est encore temps de changer les choses, tous ensemble, de faire des efforts afin de sauver ce qui est à sauver. J'espère qu'il aura de l'impact et qu'il déclenchera quelques prises de conscience.




"Une photo de vacances" de Jo Witek

Chronique du blog Takalirsa


Un roman plein de sensibilité qui sent bon les vacances, un regard plein de tendresse sur le délicat passage de l'enfance à l'adolescence.

L'été de ses dix ans marque un tournant dans la vie d'Eugénie. "Ni grande, ni petite, celle du milieu", elle en a assez d'être "la plus docile", celle que l'on place "un coup du côté des grandes, un autre du côté de Juliette" la petite dernière. Eugénie veut s'imposer davantage face à Adèle, l'aînée de 14 ans qui joue la "princesse qui, depuis que je suis née, n'a toujours pas réalisé qu'elle n'était plus la seule, l'unique, le joyau de la famille" et Juliette qui, du haut de ses deux ans, requiert beaucoup d'attention. Eugénie aimerait, de temps en temps, avoir "mes parents seuls avec moi" et les traditionnelles vacances dans le sud, alors que ceux-ci sont plus disponibles, lui semble le moment idéal.

Car depuis quelque temps, la fillette se sent tiraillée entre l'enfance qui s'enfuit et l'adolescence qui affleure ("toutes ces émotions en moi qui me secouent et me bouleversent"). Sa sœur, avec ses préoccupations nouvelles (maquillage, vêtements, garçons), s'éloigne de leurs jeux habituels, même si elles retrouvent leur complicité d'autrefois le temps d'un après-midi plongeons dans la rivière. D'un autre côté, Eugénie aimerait se faire plus féminine parfois, avec une jolie robe, du vernis et un petit sac. Elle oscille ainsi entre l'enfant pleine de rêves (devenir Jane Goodall), bourrée d'imagination qui joue dans la cours avec ses figurines d'animaux, et le désir de découvrir d'autres choses de la vie.

En réalité, Eugénie a peur de grandir ("le temps heureux que je ne peux pas retenir") et souhaiterait "demeurer pour toujours la petite sauvageonne" de ses parents. Elle redoute l'entrée au collège, ce "pays qui m'est complètement étranger" et de manière générale, l'adolescence: "C'est moche, l'adolescence. Et je n'ai pas envie d'y aller".

S'il ne se passe pas grand chose pendant ces quinze jours à Saint-Chinian (une balade à vélo, un tour au marché, une soirée bal du 14 juillet...), on prend plaisir à l'évocation de ces incontournables vacances en famille et à suivre les interrogations de la jeune héroïne, attendrissante.

Auprès de sa "super famille" davantage à l'écoute de ses délibérations intérieures qu'elle ne le pensait, Eugénie prendra peu à peu confiance et dans la scène du retour, qui fait écho au grand départ au début du roman, on sent tout le parcours personnel qu'elle a accompli: désormais "je n'ai plus peur, je suis prête à me métamorphoser".


lundi 22 juin 2020

"Il est encore temps" de Jean-Philippe Blondel

Chronique du blog Les lectures d'Antigone


Alors que la continuité pédagogique se termine à la maison, j’ai presque un peu de nostalgie à vous parler de ce livre… En effet, en cours de français, nous avons étudié avec mon fils les discours de Martin Luther King et de Greta Thunberg, le point de départ de discussions entre nous sur l’exaltation de la jeunesse (amplifiées plus tard au moment de l’étude d’Antigone) et le point de départ de ce roman… Nous sommes en 2019. Lou termine sa troisième et passe ses épreuves de Brevet. L’écoute d’un discours de Greta Thunberg la plonge soudain dans un état de sidération intense qu’elle va traîner tout l’été suivant, à la grande inquiétude de ses parents qui consultent un médecin. Lou est persuadée que le monde court à sa perte, qu’il n’y a plus rien à faire et que même la notion de Carpe diem n’est qu’un leurre pour ne pas regarder la vérité en face. Son médecin, complice et compréhensif, lui suggère de gérer son angoisse en se rendant utile. Ils raconteront à ses parents qu’elle souffre d’anémie, pour les rassurer. L’entrée au lycée de Lou va être l’occasion de nouvelles amitiés mais aussi de nouvelles expériences. Et si elle avait réellement le pouvoir d’éveiller les consciences ? 

J’ai choisi ce roman ado lors d’une opération masse critique de Babélio, pour son thème, le nom de son auteur, et celui de la maison d’édition qui l’édite. Et je n’ai pas été déçue. Dès le début, j’ai aimé sa qualité d’écriture, aimé plonger dans ce combat qui m’est familier et important. Son seul défaut est peut-être d’être bien trop court. 

A offrir à nos petits troisièmes, qui auront connu une année bien étrange ! Le confinement aura été pour moi l’occasion de passer des moments très intéressants avec mon fils, et de me réconcilier avec ma propre année de troisième, qui n’a pas été la meilleure de ma vie. Me rendre compte que je pouvais comprendre les cours et les lui transmettre, et que j’aimais ça, a été d’un grand réconfort et une surprise. Dans ce roman, la relation de Lou avec ses parents, surtout sa mère, est très jolie et émouvante. Ce livre distille un bel espoir et nous confirme que nous pouvons sans cesse nous réinventer et faire bouger le monde.

"Il est encore temps" de Jean-Philippe Blondel

Chronique du blog A touch of blue... Marine


Qui n’a pas entendu parler de Greta Thunberg ?

Dans cet essai déguisé en récit, Jean-Philippe Blondel met en scène une jeune fille qui ne peut rester les bras croisés devant le désastre climatique et politique vers lequel nous courrons tous. Un véritable wake-up call, une sonnette d’alarme que nous avons d’ailleurs pu voir en action dans différentes villes et pays à travers le monde lors des diverses manifestations.

Ce livre devrait sincèrement être distribué dans les classes de secondaires. Les jeunes (et les moins jeunes) ainsi que les professeurs et les parents, les politiciens et les chefs d’état… tout le monde devrait se sentir concerné par l’avenir… du moins ce qu’il en restera d’ici quelques années.

Il est encore temps de changer la voie vers laquelle notre bateau se dirige. Pour l’instant, on est plus axé Titanic mais cela peut encore changer. Avec des efforts, de la motivation commune, en faisant des choix difficiles, en se réveillant les uns les autres à agir.

Ce livre essaye de transmettre ce message fort et actuel. Il est encore temps. Mais il ne faut pas trop trainer. Et la moindre petite braise peut faire des étincelles. Une jeune fille qui se sent mal dans son époque car elle imagine le pire de son avenir. Une classe qui se sert les coudes pour agir et manifester. Des écoles qui refusent d’aller en cours pour marcher dans les rues afin de faire entendre leur voix…

Je remercie les éditions Actes sud pour l’envoi de cette nouveauté et je vous encourage tous de le découvrir. De le prêter aussi. De l’offrir à vos jeunes connaissances. Ceux qui se sentiront sûrement les plus concernés par le message et les personnages qui vibrent dans ces 140 pages.

C’est un récit qui suit l’actualité brulante qu’est l’écologie, le climat et notre avenir à tous. Ce n’est pas hargneux. Ce n’est pas politique. C’est simplement le début. Parce que cela ne fait que commencer.


"Les derniers des branleurs" de Vincent Mondiot

Chronique du blog Bookenstock


Banlieue parisienne, une manif qui finit en castagne avec les forces de l'ordre, trois ados derrière les vitres d'un MacDo. Minh Tuan et Gaspard regardent distraitement, Chloé filme avec son portable et balance la vidéo dans la foulée sur Instagram. Les hashtags fusent. Ils ne savent même pas l'objet de la manif... Scène de vie ordinaire, quotidienne.

Ils ont le Bac dans quatre mois, mais ils en ont strictement rien à secouer. S'ils vont en cours c'est pour passer le temps, pour finir leur nuit parfois, pour se retrouver aussi, avant de sécher les cours, puis aller zoner, fumer des clopes, du shit ou boire des concoctions de leur fabrication où se mélangent boisson sucrée, alcool et ampoule de Phénergan. Ils planent, ils sont bien ensemble. L'avenir pour eux se résume à aujourd'hui, voire demain, mais pas plus loin. Et ils le conçoivent à l'identique de la veille. 

Ils l'aiment bien finalement ce bahut, parce que le weekend qu'est-ce qu'ils s'emmerdent s'il n'y a pas une fête d'organisée où ils pourront aller foutre la merde (je précise que mes jurons sont bien légers à côté de ceux de Vincent Mondiot qu'on peut lire dans ces pages. La façon de s'exprimer de trio, particulièrement Chloé, est bien fleurie et n'en parait que plus authentique) ... s'amuser quoi ! À leur façon, car inévitablement ils finiront bourrés, ou déchirés, voire les deux en même temps. Parfait pour un dimanche comateux qui passera sans qu'ils s'en aperçoivent.

Arrive alors dans leur classe une réfugiée congolaise, Tina. Discrète, réservée et surtout bûcheuse. Et contre toute attente, l'alchimie va prendre et Tina sera intégrée petit à petit dans le trio. Elle va les tirer vers le haut, tandis qu'ils vont tenter d'enrichir son vocabulaire en insultes, leur seule façon de s'exprimer. À la clé, le Bac... L'auront-ils ces derniers branleurs ? Et bien je vous laisse le découvrir en vous procurant cette belle brique qui se lit avec beaucoup de plaisir.

Ces écorchés vifs deviennent de plus en plus attachants. Vincent Mondiot réussit très bien à nous les faire aimer, à les comprendre, avec son écriture et un vocabulaire réellement adapté (euphémisme... il m'en aurait presque appris, wesh ! =D). Leur je-m'en-foutisme cache bien des failles, et surtout des peurs abyssales en l'avenir. Je ne suis pas prête d'oublier ces ados qui m'ont procuré tant d'émotions intenses.

Mais ce que j'ai le plus aimé dans ce roman, ce sont toutes les annotations dans la marge qui agrémentent le texte. Faites sur un ton neutre, limite encyclopédique, qui tranche tellement avec le texte. Et à chaque fois on y décèle un humour délicieux. 

Franchement j'ai adoré, et je ne dis pas ça parce l'auteur y glorifie dans une de ses annotations le morbier, fromage de ma région hein !!! Je ne peux que vous encourager à le lire, ce roman est un véritable bijou à mettre dans toutes mains à partir de 15 ans !

"Les derniers des branleurs" de Vincent Mondiot

Chronique du blog Livres à profusion


Ce sont trois jeunes adolescents, en classe de terminale, qui passent le bac à la fin de l’année. Deux garçons et une fille, Minh Tuan, Gaspard et Chloé. Les deux derniers se connaissent depuis l’enfance. Minh Tuan les connait depuis trois ans. Son père travaille à l’ambassade. Il vient donc d’un foyer beaucoup plus riche que les deux autres. Gaspard a vécu la mort de sa grande soeur. Les parents de Chloé sont divorcés. Amitié ou pas, entre les trois ? Ce qui peut choquer le lecteur ? Les nombreuses grossièretés proférées par les uns et les autres. Ils dialoguent entre eux comme ça et aussi avec leurs camarades de classe. Les trois jeunes gens sont isolés. Ils n’ont pas d’amis et pensent ne pas avoir bonne réputation. Ils boivent, ils fument, ils se droguent et ce très tôt le matin.

Question scolarité, leurs résultats sont au plus bas. Ils sèchent les cours très souvent. Le bac approche, arrive très vite. Mais comme c’est la réforme, ils sont pratiquement certains de décrocher le précieux sésame. Pour eux ? Pas du tout. Car pour eux, leur avenir s’annonce plus que sombre avec la crise climatique et les mouvements de la jeunesse qui démontrent qu’ils n’ont pas beaucoup de temps à vivre. Profitent-ils de cette jeunesse ? On les sent désabusés. Mais sous ces dehors caricaturaux, poussés à l’extrême, sans que cela soit gênant pour le lecteur, que cachent-ils réellement ? Il semblerait que cela soit une profonde solitude. Ils sont trois et bientôt quatre avec l’arrivée de Tina, réfugiée congolaise. Sont-ils simples potes ou amis ? Peuvent-ils compterles uns sur les autres ? Sous ces bravades, ils ne se confient pas forcément. Pourquoi Chloé est-elle toujours énervée, virulente ? Ils ont peur de ne pas être aimés, de ne pas aimer. Certains dialogues peuvent paraître surréalistes mais démontrent le mal-être que peuvent ressentir certains jeunes, selon leur passé, leurs expériences.

Il a suffi de quelques mots de leur professeur principal, à quelques semaines de l’échéance du bac, pour qu’il y ait, en gros, un électrochoc. Ils sont vus comme les derniers des branleurs. Cela ne semble pas leur plaire, au premier abord. Mais au fond, ils veulent laisser une trace. Une trace de leur passage au lycée. Minh Tuan décide qu’ils auront leur bac et avec mention, rien que ça. Le plan qu’il met en place n’a pas la faveur des trois autres. Mais ce sera réalisé. Cela ne va pas les empêcher de réviser et de combler pas mal de lacunes. Beau comportement de Chloé à ce sujet.

L’auteur fait quelques apartés en expliquant certains mots, juste à côté du texte, ce qui permet de ne pas aller à la fin du chapitre, l’avenir de certaines personnes qui croisent le quatuor et même il donne quelques indices sur Chloé, Gaspard, Minh Tuan et Tina. Il explique l’arrivée des réfugiés étudiants, leur avenir en France. Il détaille les lectures de chacun, notamment les mangas. La musique tient une place réellement importante dans ce roman, tout comme le 7ème art, mais aussi le sexe. Il explique également ce que les professeurs, impliqués, peuvent ressentir pour exercer leur métier. Métier pour lequel ils ont la foi mais qui se révèle plus compliqué qu’il n’y parait. Car pas d’aide de la part de l’administration. Ils doivent également faire avec de nombreuses personnalités.

Vincent Mondiot nous offre de sacrés personnages. Le lecteur les aime, peut se reconnaître, prendre fait et cause pour eux, malgré leurs paroles et aussi leurs actes. Est-ce une forme de rébellion contre un système ? Est-ce une forme de rébellion contre les adultes et même contre leurs condisciples ? Que vont leur apprendre ces quelques mois ? Vont-ils grandir, trouver leur voie ?