mardi 14 novembre 2017

"Nightwork" de Vincent Mondiot

Chronique du blog Bob et Jean-Michel


C’est un Patrick de 21 ans qui nous raconte son histoire, celle qui a peut-être débuté lors de ce sauvetage de moineau sur le chemin du retour de l’école, mais qui a surtout commencé bien des pages plus loin, quand il fut cet adolescent gringalet accro aux jeux vidéo, que son frère était en prison et qu’il ne pouvait même pas compter sur sa mère alcoolique et au chômage. Il lui faudra un certain temps avant de nous révéler cet « élément perturbateur » qui va chambouler totalement sa vie et peut-être a-t-il bien fait de nous raconter tout cela avant, d’amener du contexte à ce qui va suivre, à ce qu’on ne manquera pas de penser de lui si on ne connaissait que cet « élément perturbateur » ?

Difficile de ne pas trop en dire sur ce magnifique roman ! Vincent Mondiot dresse le portrait d’un jeune garçon qui ne demandait qu’à être aimé et s’est retrouvé à n’être qu’un ado égoïstement transparent et malingre avec pour seul espèce d’amour la protection d’un demi-frère. Et pourtant, on s’attache à Patrick, à sa volonté de se rappeler le bon en lui et dans sa famille, de rêver ce jeu vidéo qu’il s’imagine concevoir lorsqu’il sera plus grand, et de penser à son avenir, se débarrasser des mauvais souvenirs. Le jugera-t-on pour cet acte unique qui a bouleversé sa vie ? C’est toute la question qui hante Patrick alors qu’il nous déroule le fil de ses pensées. Et c’est tout le talent de Vincent Mondiot de nous proposer avec justesse et sincérité de découvrir l’histoire de Patrick, ses longues journées au collège et les soirées plus longues encore avec cette mère quasi-folle, son amitié improbable avec une fille qui cumule comme lui les tares attitrées de têtes de turc et l’espoir qu’un frère rentré de prison sera capable de tout arranger. Un roman touchant, poignant, pour sa franchise, son authenticité et pas du tout pour une volonté de nous apitoyer sur le sort d’un pauvre gars. Patrick est un personnage qui marque, tant dans son apparente adolescence toute en autocentrisme dont il finit par avoir parfaitement conscience que dans sa décision finale, qui le marquera lui à tout jamais. Un très beau roman !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire