lundi 22 juin 2020

"Les derniers des branleurs" de Vincent Mondiot

Chronique du blog Livres à profusion


Ce sont trois jeunes adolescents, en classe de terminale, qui passent le bac à la fin de l’année. Deux garçons et une fille, Minh Tuan, Gaspard et Chloé. Les deux derniers se connaissent depuis l’enfance. Minh Tuan les connait depuis trois ans. Son père travaille à l’ambassade. Il vient donc d’un foyer beaucoup plus riche que les deux autres. Gaspard a vécu la mort de sa grande soeur. Les parents de Chloé sont divorcés. Amitié ou pas, entre les trois ? Ce qui peut choquer le lecteur ? Les nombreuses grossièretés proférées par les uns et les autres. Ils dialoguent entre eux comme ça et aussi avec leurs camarades de classe. Les trois jeunes gens sont isolés. Ils n’ont pas d’amis et pensent ne pas avoir bonne réputation. Ils boivent, ils fument, ils se droguent et ce très tôt le matin.

Question scolarité, leurs résultats sont au plus bas. Ils sèchent les cours très souvent. Le bac approche, arrive très vite. Mais comme c’est la réforme, ils sont pratiquement certains de décrocher le précieux sésame. Pour eux ? Pas du tout. Car pour eux, leur avenir s’annonce plus que sombre avec la crise climatique et les mouvements de la jeunesse qui démontrent qu’ils n’ont pas beaucoup de temps à vivre. Profitent-ils de cette jeunesse ? On les sent désabusés. Mais sous ces dehors caricaturaux, poussés à l’extrême, sans que cela soit gênant pour le lecteur, que cachent-ils réellement ? Il semblerait que cela soit une profonde solitude. Ils sont trois et bientôt quatre avec l’arrivée de Tina, réfugiée congolaise. Sont-ils simples potes ou amis ? Peuvent-ils compterles uns sur les autres ? Sous ces bravades, ils ne se confient pas forcément. Pourquoi Chloé est-elle toujours énervée, virulente ? Ils ont peur de ne pas être aimés, de ne pas aimer. Certains dialogues peuvent paraître surréalistes mais démontrent le mal-être que peuvent ressentir certains jeunes, selon leur passé, leurs expériences.

Il a suffi de quelques mots de leur professeur principal, à quelques semaines de l’échéance du bac, pour qu’il y ait, en gros, un électrochoc. Ils sont vus comme les derniers des branleurs. Cela ne semble pas leur plaire, au premier abord. Mais au fond, ils veulent laisser une trace. Une trace de leur passage au lycée. Minh Tuan décide qu’ils auront leur bac et avec mention, rien que ça. Le plan qu’il met en place n’a pas la faveur des trois autres. Mais ce sera réalisé. Cela ne va pas les empêcher de réviser et de combler pas mal de lacunes. Beau comportement de Chloé à ce sujet.

L’auteur fait quelques apartés en expliquant certains mots, juste à côté du texte, ce qui permet de ne pas aller à la fin du chapitre, l’avenir de certaines personnes qui croisent le quatuor et même il donne quelques indices sur Chloé, Gaspard, Minh Tuan et Tina. Il explique l’arrivée des réfugiés étudiants, leur avenir en France. Il détaille les lectures de chacun, notamment les mangas. La musique tient une place réellement importante dans ce roman, tout comme le 7ème art, mais aussi le sexe. Il explique également ce que les professeurs, impliqués, peuvent ressentir pour exercer leur métier. Métier pour lequel ils ont la foi mais qui se révèle plus compliqué qu’il n’y parait. Car pas d’aide de la part de l’administration. Ils doivent également faire avec de nombreuses personnalités.

Vincent Mondiot nous offre de sacrés personnages. Le lecteur les aime, peut se reconnaître, prendre fait et cause pour eux, malgré leurs paroles et aussi leurs actes. Est-ce une forme de rébellion contre un système ? Est-ce une forme de rébellion contre les adultes et même contre leurs condisciples ? Que vont leur apprendre ces quelques mois ? Vont-ils grandir, trouver leur voie ?

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