lundi 22 juin 2020

"Les derniers des branleurs" de Vincent Mondiot

Chronique du blog Bookenstock


Banlieue parisienne, une manif qui finit en castagne avec les forces de l'ordre, trois ados derrière les vitres d'un MacDo. Minh Tuan et Gaspard regardent distraitement, Chloé filme avec son portable et balance la vidéo dans la foulée sur Instagram. Les hashtags fusent. Ils ne savent même pas l'objet de la manif... Scène de vie ordinaire, quotidienne.

Ils ont le Bac dans quatre mois, mais ils en ont strictement rien à secouer. S'ils vont en cours c'est pour passer le temps, pour finir leur nuit parfois, pour se retrouver aussi, avant de sécher les cours, puis aller zoner, fumer des clopes, du shit ou boire des concoctions de leur fabrication où se mélangent boisson sucrée, alcool et ampoule de Phénergan. Ils planent, ils sont bien ensemble. L'avenir pour eux se résume à aujourd'hui, voire demain, mais pas plus loin. Et ils le conçoivent à l'identique de la veille. 

Ils l'aiment bien finalement ce bahut, parce que le weekend qu'est-ce qu'ils s'emmerdent s'il n'y a pas une fête d'organisée où ils pourront aller foutre la merde (je précise que mes jurons sont bien légers à côté de ceux de Vincent Mondiot qu'on peut lire dans ces pages. La façon de s'exprimer de trio, particulièrement Chloé, est bien fleurie et n'en parait que plus authentique) ... s'amuser quoi ! À leur façon, car inévitablement ils finiront bourrés, ou déchirés, voire les deux en même temps. Parfait pour un dimanche comateux qui passera sans qu'ils s'en aperçoivent.

Arrive alors dans leur classe une réfugiée congolaise, Tina. Discrète, réservée et surtout bûcheuse. Et contre toute attente, l'alchimie va prendre et Tina sera intégrée petit à petit dans le trio. Elle va les tirer vers le haut, tandis qu'ils vont tenter d'enrichir son vocabulaire en insultes, leur seule façon de s'exprimer. À la clé, le Bac... L'auront-ils ces derniers branleurs ? Et bien je vous laisse le découvrir en vous procurant cette belle brique qui se lit avec beaucoup de plaisir.

Ces écorchés vifs deviennent de plus en plus attachants. Vincent Mondiot réussit très bien à nous les faire aimer, à les comprendre, avec son écriture et un vocabulaire réellement adapté (euphémisme... il m'en aurait presque appris, wesh ! =D). Leur je-m'en-foutisme cache bien des failles, et surtout des peurs abyssales en l'avenir. Je ne suis pas prête d'oublier ces ados qui m'ont procuré tant d'émotions intenses.

Mais ce que j'ai le plus aimé dans ce roman, ce sont toutes les annotations dans la marge qui agrémentent le texte. Faites sur un ton neutre, limite encyclopédique, qui tranche tellement avec le texte. Et à chaque fois on y décèle un humour délicieux. 

Franchement j'ai adoré, et je ne dis pas ça parce l'auteur y glorifie dans une de ses annotations le morbier, fromage de ma région hein !!! Je ne peux que vous encourager à le lire, ce roman est un véritable bijou à mettre dans toutes mains à partir de 15 ans !

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